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Photo du rédacteurElise

Jouer à harceler, quelle drôle d'idée !


La lutte contre le harcèlement scolaire, et plus largement le thème du vivre ensemble, sont des sujets qui me tiennent tout particulièrement à coeur. Ils me donnent l'occasion de pouvoir travailler en collaboration avec mes collègues de la Vie scolaire, collègues que j'apprécie mais que je ne fais malheureusement le plus souvent que croiser.


En 2020 je me suis donc lancée le défi de faire participer les élèves de 6ème dont j'étais Professeure principale au concours Non au harcèlement. Les contraintes sanitaires encore présentes faisaient que les élèves portaient alors un masque (pas l'idéal pour jouer, être filmés ou photographiés...) et devaient également occuper toujours la même salle. J'ai donc eu l'idée de réaliser un film grâce à la technique du stop motion en installant un petit studio d'enregistrement au fond de leur classe.



Il est important de vous préciser que je ne maitrisais pas du tout moi-même la technique du stop motion, j'avais juste suivi quelques mois auparavant une formation à l'usage des tablettes durant laquelle le formateur avait prononcé deux phrases selon moi très inspirantes "si vous n'arrivez pas à prendre en main une application en deux minutes c'est qu'elle n'est pas faite pour vous. Laissez-la tomber, cherchez-en une autre" et "ce n'est pas parce que vous n'êtes pas à l'aise avec une technique que vos élèves eux ne sauront pas l'utiliser. Faites-leur confiance, laissez-leur la possibilité de vous surprendre"

Je me suis donc lancée.


Avant toute chose nous avions besoin d'un scénario. J'ai demandé aux élèves de ramener de chez eux des Playmobils, d'abord un peu réticents ("on n'est plus des bébés"), ils se sont très vite pris au jeu. Le décor s'est imposé de lui-même : une cour de récréation. Nous avions bien sûr en amont travaillé la définition du harcèlement avec la CPE, j'ai donc pu solliciter les volontaires pour venir jouer des scènes de harcèlement avec leurs figurines. Cela a été très instructif ! Les élèves se sont mis à débattre ensemble "ce n'est pas du harcèlement" "c'est juste pour jouer" "pour harceler il faut de la violence" Ils ont très vite réalisé que la mécanique mise en place par le harcèlement était complexe et ne résidait pas toujours sur de la violence ou de l'intimidation mais qu'elle pouvait aussi parfois s'installer par le rire, élément fédérateur du groupe d'agresseurs. Certains ont aussi compris qu'isoler systématiquement une personne pouvait aussi être apparenté à une forme de harcèlement ou du moins être ressenti comme tel par la victime.


Une fois l'histoire écrite, les élèves se sont succédés au studio d'enregistrement (par groupe de 3 à chaque fois) pour réaliser le film pendant que je faisais de la grammaire avec le reste du groupe. Cela a très bien fonctionné. Il nous aura fallu, vous vous en doutez, plusieurs semaines pour obtenir les deux minutes du film ! C'est moi qui ai ensuite réalisé le montage, en leur montrant régulièrement le résultat pour les motiver et affiner l'histoire. La fin de notre histoire a d'ailleurs changé plusieurs fois débouchant finalement sur l'idée de la fausse fin avec le slogan "la fin de l'histoire, tout le monde peut l'écrire".





Au final ce projet aura réellement fédéré la classe. Il a aussi poussé chaque élève à s'interroger sur sa définition du harcèlement et à s'impliquer individuellement dans un projet collectif. Nous avons été très fiers que notre film soit retenu au niveau académique ! En fin d'année j'ai fabriqué un petit porte clé pour que chacun puisse repartir avec un souvenir de ce projet.

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